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KAamaïeu de gesticulations humanoïdes
8 juillet 2010

Deuil

 


Salut,

Ça fait méchamment longtemps pas vrai ? Une impression de temps immémoriaux même.

Je me souviens vaguement de tes sourires, me souviens surtout comme rire et sourire t'apaisait, te faisait te ressentir comme la lumière pouvait te tutoyer. Et cet humour extrémiste de liberté et de sens, même d'absurdes. Trop adulte déjà. Des trop pleins de révolte envers tout. Un rire fort.

Je me souviens comme tu courrais, nageais, pédalais, roulais et crapahutais à la moindre opportunité. Ta vie comme un feu qui dévorait ton corps. Dis, t'es pas totalement consumé j'espère ?

Elles étaient là aussi, les nuits à trépigner d'ivresses sur des rifs à exorciser, toujours plus forts.
Et des yeux qui parfois t'envoyaient sur des rives de couleurs vibrantes à t'en faire oublier les lois de la physiques et dévaler des vallées et crêtes aux odeurs d'absolus.

Et, dis. T'en est revenu ? Du rouge et le noir ? Du dernier acte de Don Juan ? T'as rattrapé Zorg ?
Ou t'as fini par devenir un de ces fantômes hurlant au vide ? Un de ceux qui se sont brûlés à trop de faîtes sans avoir su ou pu s'en arroger si ce n'est une once suffisante pour apaiser les poids des jours, sinon l'approximative maîtrise d'un art apte à délivrer et transmettre une image ou une vibration aux sens de quelques uns de leurs semblables, et qui se perdent seuls en eux-mêmes. Aphones au monde.
Parce que je me rappelle tes nuits blanches à te noyer les oreilles de musique tandis que tu sombrais à élimer les pavés. Des images comme des bruits, de tes gouffres aspirant tes regards vers les profonds, les crevasses à ton âme.
Peut-être était-ce dans ton regard, aussi dans l'accumulation de carapaces et les alternances imprévisible à la transparence. Ça givraient les lèvres, maintenait à distance. Faisait ricaner, mépriser même, et plus souvent qu'il n'en faut générait une hostilité reptilienne, parfois des coups. Et puis l'indifférence distante, à la longue. Et puis tes mots, ton langage et tes idées d'idéaux. Ton foutoir de philosophie anarcho-dandy-névrotico-reptilienne. Des ombres qui couraient sur toi. Sortaient par ta bouche et fermaient ton visage.

J'ai détourné mon regard il y a longtemps. J'ai fait ça en plusieurs temps, je sais, tu sais, doucement; pour que tes yeux s'habituent à l'obscurité, tes sens au silence.
Je t'ai vu lutter un peu parfois, un peu. Une fois un mouvement atypique. Et chapeau bas. De l'indicible bordé de velours extatique. Du non-commun aux mortels. Un phœnix noir pour le Loup des steppes. Des renaissances et des flamboiements dantesques, instants éternels. Tes reflets d'absolus ?
D'autres feux à ta raison et tes sens aussi. Quelques. Et d'autres, les si peu mais au moins odeurs d'ivresses. Oasis à tes déserts. Les étincelles embrassant des plaines asséchées. Feux de pailles et brûlures. Des cendres.
Et mon siège racorni.

Aujourd'hui je ne t'approche plus que dans l'espace entre cet autre toi qui n'est pas toi, cet organisme bondissant au cœur gorgé d'infinis, et ce dans le temps où il rôde et ri autour de toi. Dans ces jours morcelés, conditionnés, métronomés. Et je repars toujours avec lui.

Bien-sûr que je ne t'adresse ces mots que par jeu à tes impérieux et inutiles regards. Car comment ne pas remarquer, ou, comment pourrais-je ne pas remarquer, ces élans. Tes balancements. Quelques temps déjà que tu oscilles et lèves par instants ton regard. Tu vois ton sang agiter ta peau là où elle est diaphane. Te surprends à te croire vouloir vibrer. Pouvoir. A te demander si d'absurdes en absurdes tu ne pourrais poser ta main autour de mon cou. Frôler l'essence. Encore une fois.

Je n'attends aucune réponse aux interrogations que je pose, tu le sais. Je suis avant, suis après, et ailleurs ; et, tu le sais aussi non ? Je n'en ai cure.
Par jeu et plus que cela ces mots. Parce que je sais comme tu fixes ton regard aux mots comme l'on ouvre les voies sur les falaises. Et pour qu'avant que la pitié ne soit ta prochaine messagère de chaleurs rances et mortifères, j'ai ce geste déjà trop prolixe en préfixe à seule fin d'égard pour moi-même. Pour vivre encore et survivre dans ce petit d'homme encore chargé de possibles à mille 'je t'aime' à ses semblables, à mille 'je t'aime' en retour.
Aveugle et si lucide. La réponse à tes regards en points d'interrogations tient en un seul mot, un ultime et à sa place : Adieu.


L'amour.

 

 

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Commentaires
K
Hah, cette utilisation de l'infinitif… Je relis ton texte et je me souviens soudain des paroles de ce morceau, "Dérives nocturnes", de l'Oiseau mort. <br /> <br /> "Noircir sa page dans l’obscurité du soir et contempler du haut des tours les silhouettes de la ville…<br /> Je divague, respire, j’explore et espère être le premier à re-fouler ce sol sali par la folie des hommes. Je dérive comme un rafiot qui coule, navigue entre les recoins oubliés. Ont part en mission et on distille nos pensées indélébiles sur vos murs trop blancs. L’asepsie me rend nauséeux, S’en ai troublant.<br /> Qu’est-ce que j’fous là, en pleine nuit, une frontale à la place des yeux, un sac sur l’épaule, un putain de sourire<br /> hasardeux ?… La weed à tonton m’a encore décollé l’affiche. Ben ouais, j’ai les idées lumineuses dans cette pénombre ! Les ombres qui serpentent autour se font plus charmantes que vos perspectives.<br /> Des rives dévient notre trajectoire, troublent ce flux incertain, aléatoires. Le phare s’est éteint tôt ce soir, à 20h30 je crois, c’est pas la gloire ? Les braves gens savaient tout de leur vie, couchés sur leur linceul bourgeois. Et nous,<br /> ont trace ramasser la cerise pourrie sur la galette des rois.<br /> On visite vos ouvrages opaques pour récupérer les surplus d’assurances. Les sirènes des porcs nous guident dans notre errance. On part à pattes, peut-être tout près, avec ou 100 passeports pour l’ivresse.<br /> C’est l’chantier dans mon crâne, c’est l’merdier dans mon foie et là, j ‘frime pas. Y’a des fois j’regrette le calme d’une soirée soft, tellement d’fois j’ai failli mourir de soif. Y a trop de trous dans mes récits mais le voile devant ma<br /> vue ne rend pas mes pensées hermétiques. En toile de fond, j’abreuve mon ignorance. Et ouais j’fais du « bénefs » quand tu pionces ! Je reprends ce qui t’appartient. Détrompe-toi, je ne reprends qu’un peu de ce qui m’appartient.<br /> Ta patrie assombrit les miens. Ce soir, je marche loin de tes préoccupations, ce soir, la nuit divague et nous on la soutient jusqu’à demain…"<br /> <br /> Lis à haute voix ou, mieux encore, va carrément l'écouter sur leur site : http://oiseau.mort.free.fr
L
Ni lâcheté ni courage.<br /> Juste nuances de déformations de la cornée.
K
Tristes sont les vérités.<br /> Et, l'amour et la beauté sont d'un poids dérisoire en comparaison, mais je m'y accroche pourtant parce que je suis encore trop lâche pour me laisser sombrer (comme toi ou comme l'homme qui partage ma vie).
L
Les années passent..et je creuse, je creuse.<br /> Sombre à jamais. ..tristes vérités.
K
J'ai grand plaisir à retrouver ta sombre verve qui résonne de tant de vérités
KAamaïeu de gesticulations humanoïdes
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